« MERCI DE LAISSER VOS ÉMOTIONS A LA PORTE! »

  • Publié le 30 septembre 2018

« Les émotions n’ont pas leur place dans l’entreprise. » Combien de fois ai-je entendu cela en formation ou en coaching ?

Pour moi, je pense qu’il serait plus facile de laisser ses jambes et ses bras dehors avant d’entrer dans le lobby. Comment ça marche pour vous ? Vous y arrivez ? Et autour de vous ?

Pourquoi les émotions n’ont-elles pas leur place en entreprise ? Certainement parce qu’elles dérangent et qu’on ne sait pas les gérer. Peut-être aussi parce qu’elles nous rappellent nos faiblesses et notre basse condition humaine ?

Si on arrive à se monter la tête en pensant que l’on peut travailler, interagir, performer sans émotions, c’est quand même qu’on est drôlement fort ! Je crois qu’on peut se féliciter. Et je ne suis pas ironique. Je pense que si cela est possible alors on peut se monter la tête pour quelque chose de beaucoup plus aidant encore.

Alors c’est vrai, on fait quand même la différence entre les émotions positives : joie, la bonne humeur, la positive attitude… qui elles sont bienvenues. Tandis que la colère, la peur, la tristesse, la honte, la culpabilité…

« Attends, on bosse là t’es sérieux ? »

« Va de retro, c’est que c’est contagieux ce truc-là ! »

En même temps, très jeunes beaucoup d’enfants encore s’entendent dire que « C’est pas bien de faire des colères. » Les émotions dites négatives sont tout aussi interdites ailleurs, si ce n’est dans le cabinet d’un psy : le seul et unique endroit, ce havre où la honte peut être expérimentée devant une tierce personne.

Notre société est-elle à ce point malade ?

Qu’est-ce qu’une émotion si ce n’est le moyen de dire à l’extérieur ce qui se passe à l’intérieur. Un moyen plus ancestral encore que le langage verbal. Et il faudrait essayer de ne pas s’en servir.

Alors j’aime à dire que notre tête est un 7ème de nous tout entier, d’abord parce que c’est vrai, ensuite parce que tant que nous considérerons que notre corps est un véhicule pour transporter notre tête si bien faite soit-elle, nous en ferons les frais.

Notre corps est une autre intelligence encore. Ce corps, je l’invite à s’exprimer dans mes séances de coaching parce que son aide est précieuse.

Quand votre tête vous dit que vous devez y aller, que vous devez le faire et votre corps pense le contraire, devinez qui gagne ? Le corps peut vous clouer au lit avec 40°C de fièvre, un lumbago, une sciatique, il a l’embarras du choix. Même si la tête voulait y aller…

Alors plutôt que de l’ignorer ou ne lui donner que peu de crédit, intégrons-le et laissons-le nous aider à aller vers nos objectifs.

Nous savons aujourd’hui que nous avons 3 cerveaux. Le cortex, bien connu de tous sur lequel nous mettons tous nos espoirs, le ventre est depuis plusieurs décennies déjà identifié comme le 2ème cerveau. Il existe effectivement des neurones dans nos intestins, on utilise plus familièrement le mot « tripes » quand il s’exprime. Et enfin plus récemment nous avons découvert des neurones dans le cœur.

Cela ne fait-il pas sens tout à coup ? Combien de fois avons-nous dû prendre des décisions à contre-cœur ? La tête nous disait quelque chose et le cœur autre chose. Combien de fois on ne « sentait pas une situation pourtant rationnellement tout était correcte ?

Invitons, les émotions, les tripes, le corps dans l’entreprise, plutôt que d’essayer d’être une partie d’un truc, soyons complets.

Peut-être pourrons-nous parler de cœur à cœur ? Questionner nos ressentis par rapport à une situation, nos émotions?

Nous grandissons lorsque nous acceptons les émotions des uns et des autres peut-être qu’enfin accueillis et acceptés, beaucoup de situations seraient moins difficiles à vivre et même transformées par l’acceptation de notre complétude.

Être humain, rien ne nous l’enlèvera, ni les règles de la bienséance, ni les normes culturelles de l’entreprise.

N’est-il pas enfin temps de changer ce monde ? Qui me suit?

Leila El Gnaoui : fière d’utiliser le corps dans l’énonciation des objectifs clients !